Nous n’exagérons pas si nous affirmons qu’Al qadi Iyad est devenu presque inaccessible aux chercheurs en raison de ce que Dieu lui a accordé comme don de participation à l’ensemble des sciences et des arts. En effet, si tu l’envisages comme un lettré, sa contribution comme spécialiste du Fiqh (jurisprudence) est des plus substantielles ! Et si tu considères sa connaissance du hadîth, de l’histoire, de la langue…etc, il en sera de même. On a dit à son propos :« Sans ‘Iyâd, le Maghrib ne serait pas mentionné ».

Portant le nom de ‘Iyâd et le surnom d’Abû Al-fadl, son nom complet est : ‘Iyâd Ibn Mûsâ Ibn ‘Iyâd Ibn ‘Amru Ibn Mûsâ Ibn ‘Iyâd Ibn Muhammad Ibn Muhammad Ibn ‘Abdullah Ibn Mûsâ Ibn ‘Iyâd Al-yahsubî. En remontant la chaîne de sa généalogie, on découvre qu’elle aboutit à Yahsab Ibn Mâlik Ibn Zayd. Ce Yahsab est le propre frère de Dhû Asbah Al-Hârith Ibn Mâlik Ibn Zayd auquel aboutit la généalogie de l’Imâm Mâlik Ibn Anas (l’Imâm de Médine).

Donc, il est lié à l’Imâm Mâlik par deux filiations : La première, c’est par la doctrine (malikite) puisqu’il en est l’un des plus éminents représentants qui l’ont servi au Maghrib grâce à ses œuvres précieuses, notamment son Tartîb al-madârik wa tartîb al-masâlik lima‘rifati a‘lâmi madhhabi Mâlik » (ouvrage édité et disponible) et ses « at-tanbîhât al-mustanbata ‘lâ l-kutûb mudawwana wa l-mukhtalata » (manuscrit expliquant la Mudawwana de Suhnûn). La deuxième, sa filiation par le sang, à savoir son appartenance à la tribu de Himyar qui est issue des arabes du Yémen.

Sa naissance et sa formation Al qadi Iyad est né à Sibta (Ceuta) au milieu du mois de Sha‘bân en l’an 476 de l’Hégire. Il y a vécu dans la chasteté et la préservation, jouissant des plus nobles caractères, loué par ses actes et se paroles, réputé pour sa noblesse, son intelligence et son habilité. Il a étudié le savoir avec attachement et beaucoup d’application en bénéficiant de l’estime des plus grands maîtres parmi ceux qui possèdent la science et en les fréquentant assidûment, jusqu’à ce qu’il excelle à son époque, surpasse l’ensemble de ses pairs et atteigne dans les disciplines du savoir la maîtrise qu’on lui connaît. Connaissant ainsi par cœur le Livre de Dieu (Coran), il était l’un de ses spécialistes. Il ne cessait de le réciter en toute circonstance, joignant à cela une belle voix dans sa psalmodie, une grande connaissance de son exégèse en plus de l’étude de ses significations, de sa grammaire, de ses paraboles, de ses règles et de toutes les sciences qu’il a générées. Il faut dire que sa ville natale (Sibta) était à la fois une cité de la science grâce à sa position géographique qui lui a permis d’attirer beaucoup de savants et d’étudiants. Il a étudié dans sa cité le Coran avec ses sept lectures différentes. Il a aussi étudié la langue arabe et sa littérature, à partir des ouvrages fondamentaux, comme al-Fasîh de Tha‘lab, al-Amali d’Al-Qalî, al-Kâmil d’al-Mubarrad, Kitâb al-Jumal d’al-Zajjâjî, al-Wadhih d’Abû Bakr Az-zubaydî… Il a parfait ses études chez plusieurs maîtres éminents. Al qadi Iyad ne s’est pas contenté de la formation qu’il a reçu chez lui. A l’instar des étudiants et des jeunes chercheurs avides de connaissance,

Il est parti en Andalousie en 507 de l’Hégire pour parfaire ses connaissances et s’assurer de la validité de la méthode de transmission des Traditions et sa perfection chez lui. Cela en vérifiant l’authenticité des énoncés des Traditions qu’il a reçu de ses maîtres dans son pays natal… Son œuvre Al qadi Iyad nous a légué une œuvre vaste et riche qui compte, d’après les grands dictionnaires biographiques plus de trente titres dont ceux qui suivent. En Fiqh : Ajwibat ‘an An-Nawâzil : édition critique de Mohammed Ibn Shrifa, Ajwibat al-qurtubiyyîn : compilé par son fils à partir de ses notes, Al-a‘lam bi hudûd wa qawâ‘id al-Islam : édité et traduit en français par le Ministère marocain des Awqâf et d’autres. On cite aussi son précieux ouvrage Al-madârik, qui est une référence exposant la biographie des savants piliers de l’école malikite. En Hadîth : Al-ilmâ‘ fî dabti ar-riwâyât wa taqyîd al-samâ‘ : édition critique de Ahmad Saqr, Ikmâl al-‘ilm bi fawâid Muslim : c’est un complément du commentaire du Sahîh Muslim par son maître al-Mazirî sous le titre de : al-Mu ‘lim bi fawâid Muslim. Ce complément est publié dans une édition critique en 8 volumes par Yahyâ Ismâ‘îl… Sur le dogme : Kitâb al-‘aqîda. Ce livre est mentionné dans plusieurs sources bibliographiques. Mais l’érudit Ibn Tawit al-Tanjî soutient qu’il s’agit de son livre intitulé : al-a‘lam bi hudûdi qawâ‘id al-Islâm… En science d’As-sîra (biographie du Prophète (paix et salut sur lui)) : Ikhtisâr sharaf al-Mustafâ d’Abû Sa‘îd ‘Abdu-l-Mâlik Ibn Muhammad al-Wa ‘idh al-Nisaburî (M. 406H) et le fameux « Al-shifâ bi at-ta‘rîf bi huqûq al-Mustafâ » qui eut un succès impressionnant au Maghreb et qui témoigne du grand amour et du grand respect de l’auteur à l’égard du saint Prophète (paix et salut sur lui).

Sa mort Al qadi Iyad est mort au mois de Ramadan de l’an 544 de l’Hégire à Marrakech, au terme d’une vie riche et bien remplie. Sa tombe se trouve près de Bab Ilan à l’intérieur de la ville est encore visitée de nos jours. Il est d’ailleurs, considéré comme l’un des sept hommes auprès duquel on cherche les bénédictions, conformément au livre d’al-Yifrini : « Durrat al-hijal fi sab‘ati rijâl » et de celui d’Abû al-Fath Muhammad Ibn ‘Abdussalâm Busitta Amman : « Bulûgh al-Amal fî dhikri manâqib as-sâdâti sab‘ati rijâl »

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