Sidi Abdesselam ben Machich vivait, au commencement du VIIe siècle de l’hégire, dans le Djebel-Alam, aujourd’hui Djebel-Mouley-Abdesselam, montagne située au centre du massif qui s’étend de Tétouan à la vallée de l’Oued-el-Kouss. Il était issu de la famille régnante des chérifs Idrisside, dont quelques-uns s’étaient réfugiés dans ces parages lors de la chiite de la dynastie régnante et de l’avènement des Fatimides.Abdesselam ben Machich représentait, à ce titre, la tradition de la souveraineté nationale et l’élément berbère.

Il fut assassiné, en 625 de l’hégire, par un partisan de l’imposteur Abou-Touadjin. Son sanctuaire est devenu un lieu de pèlerinage, où se rendent les habitants des tribus des Djebala et de la partie occidentale du Rif. On peut avancer que le culte rendu à la mémoire du marabout forme un lien assez puissant pour unir ces populations dans une sorte de confédération religieuse. Toutes marcheraient groupées sous l’étendard de leur patron. Quoi qu’il en soit, Abdesselam ben Machich ayant transmis sa bénédiction à son élève Chadeli, ses descendants, c’est-à-dire les Beni-Arous, ne constituent qu’une noblesse religieuse sans pouvoir héréditaire. Ils n’ont donc pas d’influence personnelle dans les tribus du voisinage où ils vont s’établir. Ils sont, en général, fort riches, peu batailleurs en raison de leur extraction et des usages qu’elle leur impose; ils ne se livrent à aucune occupation ; ils sont, en qualité de chérifs, exempts de toute redevance et ne se montrent pas hostiles au Sultan qui, à l’occasion de l’expédition de 1883, est monté en pèlerinage au tombeau d’Abdesselam ben Machich, puis à la zaouïa de Sidi-Ali-Résoul, à Tétouan, distribuant de larges offrandes. Comme chérifs, les Beni-Arous sont en paix avec toutes les tribus des environs, sauf avec les Akmas. Ces derniers sont dits akmas ou tolba de Sidi-Abdesselam ben Machich et possèdent le privilège traditionnel, donné par le saint, de venir en ziara à sa koubba sans intermédiaire et d’en chasser les autres chérifs. Ils s’y rendent, chaque année, en délégation fort nombreuse. Aucun chérif ne doit s’y trouver , et ceux qui s’y trouvent par hasard sont impitoyablement chassés, sinon tués, De là, entre les Beni-Arous et les Akmas, une hostilité implacable, des luttes fréquentes.

Sa généalogie remonte jusqu’à A’li ben Abou-Taleb par Abou beker ben Hourma ben Aissa ben Salam ben Mezouar ben Ali Haydara ben Mohamed ben Idriss ben Idriss ben Abdellah ben Hassan ben Hassan Moulay Abdeslam Ben Mchich Alami, un auguste soufi, descendant de la dynastie idrisside. Abdeslam Ben Mchich Alami?est un saint soufi (1163 – 1228 soit 559-626 de l’hégire), originaire de Jbel Laâlam dans la région de Béni Arouss au Maroc. Du XIIe siècle jusqu’au XIIIe siècle, il se retira à jbel Laâlam au sud de Tanger où est situé actuellement son mausolée modeste de forme carrée construit en pierres et briques et blanchi à la chaux lui offrant un cachet rustique, et couvert des branchages d’un arbre centenaire. Il est estimé comme étant l’initiateur de plusieurs maîtres du soufisme et parmi eux le très célèbre Alime Al Chadila. Peu de choses sont connues sur la vie de ce personnage. Moulay Abdeslam ben Mchich Alami est de descendance Idrisside (descendant d’Al Hassan). Quand Moulay Abdeslam est arrivé à l’âge d’apprendre, son père le fit entrer dans une école coranique. A l’âge de 12 ans, il a déjà appris le Coran dans sept versions phonétiques du saint vertueux Sidi Salim enterré dans la tribu Béni Youssouf. On rapporte également que parmi ses maîtres en matière de sciences religieuses, figure le vertueux faqih al-haj Ahmad sit Aqatrân enterré à proximité du village Aburj dans la tribu des Akhmâs, non loin de Bab Taza. Il a reçu de lui les sciences juridiques selon la moudawana, vulgarisant la doctrine malikite. Il a eu trois autres maîtres dans l’apprentissage du Coran, son frère Al-Haj Mûsa al Ridâ, le cheikh Muhammad ibn Ali al-Misbahi et al-Hasan al-Dawâlî enterré à la grande mosquée de Ouezzane.

Quant à son initiation spirituelle, elle fut l’œuvre de Abd al-Rahman al-Madanî al-Hassanî surnommé al-Zayyât. Les maîtres du soufisme considéraient Moulay Abdessalam comme leur initiateur. Sur le plan local, les Jbalas lui dédient une dévotion toute spéciale et le considèrent comme le protecteur de leur pays ce qui lui vaut le titre posthume de « Cheikh Jbala ». La tombe où il est supposé reposer est aujourd’hui l’un des grands lieux de pèlerinage où affluent des centaines d’adeptes au mois de juillet de chaque année. C’est un moment d’intense recueillement religieux mais aussi l’occasion de faire la fête avec de la musique, des danses soufies ainsi que des fantasias. Les enseignements de Moulay Abdessalam Benmchich Al Alami ont formé les bases de plusieurs écoles ou voies du soufisme et, de nos jours, ses disciples continuent d’en diffuser les principes. Il méditait et priait au sommet de sa montagne. C’est aussi là qu’il mourut. De là haut, il pouvait veiller d’un simple coup d’œil sur toute la région. Pendant la décadence almohade, Ibn Abî Al-Taouâjin qui était le gouverneur du sultan Yahya al-Mutasim, s’est déclaré prophète et a vu en Moulay Abdessalam Benmchich un ennemi, et dans son activisme un sérieux obstacle à ses projets. Il l’a fait assassiner non loin de la source où il avait l’habitude de faire ses ablutions. Il y a eu parmi ses descendants et ceux de ses frères et oncles un nombre incalculable de savants confirmés qui se sont arrêtés aux limites de ce qui a été rapporté à son sujet, et ils n’ont consigné que ce qui revient à sa généalogie, à sa voie, à ses vestiges à Jbel Alam, à sa tombe, aux circonstances de son assassinat, au désaccord sur la date de sa mort, et à ce qui a été rapporté par ceux qui ont fait connaître son disciple, le pôle Abû-l-Hasan al-Shâdili, concernant ses conseils et ses dires. Quant à sa prière authentifiée et connue dans toutes les régions du monde, la beauté de sa rhétorique frise l’inimitable, et tous ceux qui la récitent témoignent de ses effets bienfaisants.

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