La commémoration de la naissance honorée (al-mawlid) du Prophète

Parmi les bonnes innovations, il y a la célébration de la naissance (Mawlid) du Prophète . Cette pratique n’existait pas à l’époque du Prophète ni à l’époque qui l’a suivi. Mais elle fut innovée aux débuts du septième siècle de l’hégire. Le premier à l’avoir innovée fut le roi de ‘Irbil. Il était savant, pieux, courageux et il est surnommé Al-Moudhaffar. Il réunit pour cela beaucoup de savants, parmi lesquels il y avait des gens du Hadith et des soufis véridiques. Les savants des orients de la terre et de ses occidents l’ont approuvé. Il y a parmi eux le Hafidh Ahmad Ibnou Hajar Al-^Asqalaniyy et son élève le Hafidh As-Sakhawiyy dans son livre Al-Fatawa ainsi que le Hafidh As-Souyoutiyy et d’autres encore.

At-Tanwir fi Mawlidi l-Bachiri n-Nadhir

Ibnou Kathir a dit dans son livre d’histoire : « Il organisait – il vise le roi Al-Moudhaffar – le Mawlid honoré au mois de Rabi^ou l-‘Awwal et le fêtait par une festivité grandiose. Il était magnanime, courageux, brave, sage, savant et juste, que Allah lui fasse miséricorde et qu’Il honore pour lui sa demeure dans l’au-delà. Il a dit : le chaykh Abou l-Khattab Ibnou Dahyah a composé pour lui un livre sur la naissance du Prophète qu’il a intitulé : At-Tanwir fi Mawlidi l-Bachiri n-Nadhir ; il l’a récompensé pour cela de mille dinars. Et l’époque de son règne s’est prolongée jusqu’à ce qu’il meure alors qu’il faisait le siège des croisés dans la ville de ^Akka en l’an six cent trente et il était alors louable de conduite et de fond de cœur ».

Housnou l-Maqsad fi ^Amali l-Mawlid

Le Hafidh As-Souyoutiyy a composé une lettre qu’il a appelée Housnou l-Maqsad fi ^Amali l-Mawlid, il a dit : « Ceci compte parmi les bonnes innovations pour laquelle celui qui la fait sera récompensé, et ce, pour ce que cela comporte comme glorification du degré du Prophète, et comme manifestation de joie et de réjouissance pour sa noble naissance. Le premier à l’innover fut le gouverneur de ‘Irbil, le roi Al-Moudhaffar Abou Sa^id Koukabri Ibnou Zayni d-Din ^Aliyy Ibnou Baktakin qui était l’un des rois glorieux et des grands généreux. Il a laissé de bonnes traces et c’est lui qui avait édifié la mosquée Al-Moudhaffariyy au pied de la montagne de Qaçiyoun ».

Les musulmans considèrent comme bien la Commémoration de sa naissance salla l-Lahou ^alayhi wasallam.

Il est parvenu aussi dans un hadith dont la chaîne de transmission s’arrête à un compagnon (hadith mawqouf) que le compagnon glorieux ^Abdou l-Lah Ibnou Mas^oud a dit : « Ce que les musulmans considèrent comme bien –c’est-à-dire ce qu’ils ont été unanimes à le considérer comme étant bien– alors c’est un bien selon le jugement de Allah ; et ce que les musulmans considèrent comme mauvais, alors c’est une mauvaise chose selon le jugement de Allah. » Or, parmi l’ensemble des choses que la communauté considère comme étant bonne, et que la communauté a été unanime à considérer comme étant une chose que la religion incite à faire, il y a la Commémoration de sa naissance salla l-Lahou ^alayhi wasallam.

كُلُّ مُحْدَثَةٍ بِدْعَةٌ

(koullou mouhdathatin bid^ah) dont le sens, au mot à mot, serait que toute chose nouvellement instaurée serait une mauvaise innovation. Ils ont voulu par-là duper les gens. Il est à noter que c’est un hadith dont la chaîne de transmission est forte. Or il signifie seulement que ce qui est instauré après le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam est une mauvaise innovation, hormis ce qui est en accord avec l’enseignement révélé de l’Islam, car dans ce cas, cela n’est pas quelque chose de blâmable. Ainsi, le terme (koull), « tout » en français, veut dire dans ce contexte « la plupart » et non pas « la totalité sans exception », tout comme cela est parvenu dans Sa parole ta^ala :

﴾تُدَمِّرُ كُلَّ شَيْءٍۢ بِأَمْرِ رَبِّهَا ﴿

[sourat Al-‘Ahqaf / 25] (toudammirou koulla chay’in bi’amri Rabbiha) à propos de la tempête qui a détruit (koulla chay’), littéralement toute chose, alors qu’elle n’a détruit ni le sol ni les montagnes.

مَنْ سَنَّ في الإِسْلامِ سُنَّةً حَسَنَةً فَلَهُ أَجْرُها وَأَجْرُ مَنْ عَمِلَ بِها بَعْدَهُ مِنْ غَيْرِ أَنْ يَنْقُصَ مِنْ أُجُورِهِمْ شَىْءٌ

(man sanna fi l-‘Islami sounnatan haçanatan falahou ‘ajrouha wa‘ajrou man ^amila ba^dahou min ghayri ‘an yanqousa min ‘oujourihim chay’) ce qui signifie : « Quiconque instaure dans l’Islam une bonne tradition, en aura la récompense et une récompense semblable à celle de ceux qui la pratiqueront après lui sans que rien ne soit diminué de leurs récompenses. »

C’est pour cela que l’Imam Ach-Chafi^iyy, que Allah l’agrée, a dit : « Les bid^ah –les innovations dans la religion– sont de deux sortes : les louables et les blâmables ; celles qui sont en accord avec la Sounnah sont louables et celles qui la contredisent sont blâmables. » Ceci a été rapporté de lui par l’Imam Al-Bayhaqiyy et d’autres.

Ensuite, ô vous qui êtes doués de compréhension, comment ces gens privés du bien osent-ils dire que réunir les musulmans pour réciter le Qour’an, pour évoquer Ar-Rahman, pour faire l’éloge de Mouhammad, le Maître des créatures conformément à ce que Allah agrée de faire, conformément à ce que Son Messager a incité de faire, et conformément à ce que la communauté a accepté avec approbation, comment osent-ils dire que ce serait une innovation d’égarement ? Comment osent-ils de dire une chose pareille ?

Ibnou l-Jawziyy

Le descendant de Ibnou l-Jawziyy cite dans Mir’atou z-Zaman que les notables parmi les savants et les soufis assistaient à la fête chez lui à l’occasion du Mawlid. Ibnou Khil-likan a dit dans la biographie du Hafidh Ibnou Dahyah : « Il faisait partie des notables, des savants et des plus réputés des gens qui ont un mérite. Il est venu du Maghreb et il est entré au pays du Cham et de l’Irak. Il est passé par ‘Irbil en l’an six cent quatre; il a trouvé son roi glorieux Moudhaffirou d-Din Ibnou Zayni d-Din attachant une attention particulière au Mawlid du Prophète. Il a écrit pour lui le livre At-Tanwir fi Mawlidi l-Bachiri n-Nadhir et il le lui a récité personnellement. Le roi l’a récompensé de mille dinars ».

Tu es celui à qui il sera dit au Jour du jugement :

(( يا محمَّدُ سَلْ تُعْطَ وَاشْفَعْ تُشَفَّعْ ))

(ya Mouhammad sal tou^ta wachfa^ touchaffa^)

Al-Mawlid est une bonne innovation

A partir de cela, il est devenu clair que la commémoration de la naissance du Prophète (Al-Mawlid) est une bonne innovation ; il n’y a donc pas à la blâmer de quelque manière que ce soit. Bien au contraire, cette commémora­tion est digne d’être nommée une bonne tradition (sounnah haçanah) parce qu’elle fait partie des choses englobées par la parole du Messager de Allah :

((مَنْ سَنَّ فِى الإِسْلامِ سُنَّةً حَسَنَةً فَلَهُ أَجْرُهَا وَأَجْرُ مَنْ عَمِلَ بِهَا بَعْدَهُ لاَ ينْقُصُ مِنْ أُجُورِهِمْ شَىْءٌ))

ce qui signifie : « Celui qui instaure dans l’Islam une bonne tradition (sounnah haçanah), il en aura la récompense et la récompense de ceux qui la pratiquent après lui, sans que rien ne soit diminué de leurs récompenses ».

وَمَا أَرْسَلْنَاكَ إِلَّا رَحْمَةً لِّلْعَالَمِينَ

« Et Nous ne t’avons envoyé qu’en tant que miséricorde pour les mondes. »

Mouhammad, les cœurs s’attendrissent pour lui … Mouhammad, les âmes se réjouissent grâce à lui … Mouhammad, les yeux se mettent à briller pour lui… Au souvenir de Mouhammad se mettent à couler les larmes de ceux qui l’aiment… Comment n’en serait-il pas ainsi… ? Comment n’éprouverions-nous pas de la langueur et de la nostalgie pour celui pour qui le chameau a pleuré quand il l’a vu et à qui il s’est plaint du poids excessif de sa charge… ? Comment n’éprouverions-nous pas de langueur et de la nostalgie pour celui pour qui le tronc de palmier sec a éclaté en sanglots lorsqu’il s’était séparé de lui… ? Comment n’éprouverions-nous pas de langueur et de la nostalgie pour celui pour qui le tronc a gémi comme un enfant jusqu’à ce qu’il l’ait touché et serré dans ses bras r ?

وَإِنَّكَ لَعَلى خُلُقٍ عَظِيمٍ

Tu as certes des caractères éminents.

Il était le plus éloquent des gens dans son discours et le plus agréable des gens dans ses paroles. Sa parole était distincte au point que tous ceux qui l’écoutaient pouvaient la comprendre. Il avait ^alayhi s-salatou was-salam une voix haute et la plus belle intonation parmi les gens ; Al-Bara’, que Allah l’agrée a dit : « Je n’ai jamais entendu quelqu’un ayant une voix plus belle que la sienne. »

Définition de l’innovation

Il est nécessaire de savoir que l’innovation (al-bid^ah) selon la Loi de l’Islam, c’est ce qui a été innové sans avoir été cité ni dans le Qour’an ni dans la Sounnah.

Ibnou l-^Arabiyy a dit :

ce qui signifie: « L’innovation et la nouveauté ne sont pas blâmées pour leur simple appellation d’innovation ou de nouveauté ni même pour leur signification. On ne blâme que les innovations qui contredisent la Sounnah (la croyance et les lois) et on ne blâme que les nouveautés qui appellent à l’égarement.»

L’Imam Ach-Chafi^iyy, que Allah l’agrée a dit dans son livre Al-‘Oumm : « Al-bid^ah (al bidaa) est de deux catégories : une innovation de bonne guidée et une innovation d’égarement » et Al-Bayhaqiyy a rapporté avec une chaîne de transmission, dans Manaqibou ch-Chafi^iyy que Allah l’agrée, que l’Imam Ach-Chafi^iyy a dit : « Les innovations sont de deux sortes : une sorte de choses innovées fait partie de ce qui contredit le Livre, la Sounnah, la voie tracée par les compagnons ou l’Unanimité des savants, c’est ce qui est appelé l’innovation d’égarement ; la deuxième sorte de choses innovées fait partie de l’innovation de bien qui ne contredit aucun des quatre sujets qu’on vient de mentionner, c’est l’innovation qui n’est pas blâmée. »

An-Nawawiyy a dit dans le livre Tahdhibou l-‘Asma’i wa l-Loughat : « Al-bid^ah (avec une kasrah sous le ba’) dans la Loi, c’est ce qui n’était pas pratiqué à l’époque du Prophète ; elle se partage en deux : une bonne et une mauvaise innovation. »

Nous comprenons des citations de ces 2 grands savants qu’il est permis d’innover quelque chose après l’époque du Prophète, même si cette innovation n’a pas été annoncée par le Prophète et même s’il ne l’a pas faite lui-même, mais à condition que cette innovation soit conforme au Livre, à la Sounnah, à l’Unanimité et à la voie tracée par les compagnons.

Il apparaît clairement que cette classification vient de savants de l’Islam qui se sont fondés sur plusieurs paroles Prophétiques authentifiées. Ainsi, ceux qui prétendent que toute innovation serait à rejeter ignorent et réfutent cela.

Les 2 formes d’innovation

Ainsi, l’innovation se partage en 2 sortes:

L’innovation d’égarement (bid^atou dalalah) : c’est l’innovation contraire au Qour’an et à la Sounnah.
L’innovation de bonne guidée (bid^atou houda) : c’est l’innovation conforme au Qour’an et à la Sounnah.
Cette distinction est tirée du hadith rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim de ^A’ichah, que Dieu les agrée, dans lequel elle rapporte : Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

من أحدث في أمرنا هذا ما ليس منه فهو رد

(man ‘ahdatha fi ‘amrina hadha ma layça minhou fahouwa radd)

Ce qui signifie: « Celui qui innove dans notre religion quelque chose qui n’y est pas conforme, son acte est rejeté. »

Mouslim a rapporté ce hadith dans une autre version :

من عمل عملاً ليس عليه أمرنا فهو ردّ

(man ^amila ^amalan layça ^alayhi ‘amrouna fahouwa radd)

Ce qui signifie: « Celui qui fait un acte qui n’est pas conforme à notre religion, son acte est rejeté. »

Par sa parole (( ما ليس منه)) (ma layça minhou) qui signifie : « qui n’y est pas conforme », le Prophète de Allah a fait comprendre que l’innovation peut être rejetée c’est-à-dire réfutée si elle est en contradiction avec la Loi, ou bien acceptée si elle est en conformité avec la Loi.

Celui qui instaure une bonne innovation (al bidaa) en obtiendra les récompenses…
Ceci est également tiré de ce que Mouslim a rapporté dans son Sahih du hadith de Jarir.

Ibnou ^Abdi l-Lah Al-Bajliyy, que Allah l’agrée, qu’il a dit : le Prophète a dit :

مَنْ سَنَّ في الإسلام سُنَّةً حسَنَةً فَلَهُ أجرُها وأجرُ مَن عَمِلَ بها من بعده مِن غير أن يَنْقُصَ من أجُورِهم شَىءٌ، ومَن سَنَّ في الإسْلامِ سُنَّةً سَيّئةً فعليه وِزْرُها ووِزْرُ مَن عَمِلَ بِها مِنْ بَعْدِه مِن غَيرِ أن يَنْقُصَ مِن أَوزَارِهم شَىءٌ

(man sanna fi l-‘islami sounnatan haçanatan falahou ‘ajrouha wa‘ajrou man ^amila biha min ba^dihi min ghayri ‘an yanqousa min ‘oujourihim chay’, waman sanna fi l-‘islami sounnatan sayyi’atan fa^alayhi wizrouha wawizrou man ^amila biha min ba^dihi min ghayri ‘an yanqousa min ‘awzarihim chay’)

Ce qui signifie: « Celui qui instaure dans l’Islam une bonne tradition en aura la récompense et de l’équivalent de la récompense de ceux qui œuvreront avec après lui, sans que leurs récompenses ne soient diminuées en rien ; et celui qui instaure dans l’Islam une mauvaise tradition se chargera de son péché et de l’équivalent du péché de ceux qui œuvreront avec après lui, sans que leurs péchés ne soient diminués en rien. »

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